Greg Lamberson n'est pas un grand nom du cinéma horrifique, et sans doute ne le sera-t-il jamais. Il appartient à une espèce rare : celle des artisans forcenés, qui travaillent depuis toujours en marge du système, produisant au compte-goutte des films tournés avec trois bouts de ficelles. Des films dont certains, comme le Slime City de Greg Lamberson, atteignent au fil des ans un statut à part, alors qu'ils sont redécouverts par une nouvelle génération de spectateurs. Il ne s'agit pas de « culte », non – nous n'avons toujours pas vu d'adorateurs fanatiques du yaourt toxique se trouvant au centre de Slime City. Plutôt d'une fascination bien méritée, pour d'étranges objets qui racontent, en creux, l'histoire de leurs créateurs, cinéastes punks et indépendants. Parlons donc de New-York, de drogues synthétiques, de cinémas de la 52eme, des Ramones, de la Troma et de bien d'autres choses...

 

Bonjour Greg. Vous avez réalisé Slime City quand vous n'aviez qu'une petite vingtaine d'années. Quand vous étiez ado, quels étaient vos films favoris ?

Alors j'ai eu ma phase Tarzan, ma phase Harryhausen, ma phase Hammer, ma phase La Planète des singes, ma phase L'Age de cristal, et au bout du compte ma phase La Guerre des étoiles. Quand je suis arrivé à l'adolescence, en fait, mon goût était assez défini. Les gros films étaients les suites des succès de Lucas ou Spielberg, mais le cinéma horrifique était important. Vendredi 13 ou Scanners sont des films qui ont beaucoup compté pour moi, mais j'aimais aussi Billy Jack ou Les oies sauvages, que j'avais découvert à la télé. J'étais vraiment un enfant de la télévision, et j'aimais beaucoup de films différents. Mon oncle était dans la distribution de films, et il m'a pas mal amené au cinéma, voir des vieux films, mais aussi des sorties récentes que j'aurais jamais pu voir seul, comme Martin ou Zombie.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir un réalisateur ?

Je crois que j'ai toujours été un conteur. Quand j'avais quatre ans, en regardant les cartoons, je découpais des super-héros dans mes comics pour les faire bouger sur mon écran de télévision. Je collectionnais les figurines des monstres Aurora, et j'ai ensuite vu les films qui les ont inspirés – en fait, j'étais captivé par l'imaginaire, et je me foutais un peu du sport. J'ai toujours su que je voulais être dans le divertissement, mais je voulais tirer les ficelles, je ne voulais pas être sur le devant de la scène. J'ai voulu faire dessinateur de bds, puis animateur de stop motion... Puis La guerre des étoiles est sorti durant l'été de mes 12 ans, et tout s'est cristallisé autour de ce film pour moi. Juste après, l'horreur indépendante a explosé, c'était vraiment une super période.

Avant Slime City, vous aviez tourné des courts ?

Oui, j'avais dirigé une poignée de films muets en super 8 pendant ma seule année comme étudiant en cinéma à la School of Visual Arts de New-York, dont un film qu'on peut considérer comme la matrice de Slime City. Je n'aimais pas tourner des courts : Basket Case passait en séance de minuit, et je travaillais au cinéma sur Times Square dans lequel The Deadly Spawn ou Evil Dead eurent leur avant-première... Je me disais donc qu'il était possible de faire des films de genre à petit budget et de les diffuser dans des cinéma, je voyais bien qu'il y avait un public pour les apprécier, et puis au même moment, la vidéo a explosé.

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Vous avez travaillé sur I Was a Teenage Zombie, un film assez méconnu... Vous pourriez nous en dire deux mots ?

I Was a Teenage Zombie a été écrit par Jim Martin et réalisé par John Michaels. John avait bossé pour Troma au début de la firme, et avait fait Splatter University, un slasher à petit budget que Troma avait sorti et que pour lequel j'avais payé mon ticket au cinéma de Times Square. Je me suis porté volontaire pour faire production manager sur I Was a Teenage Zombie, même si je ne savais rien de ce poste, et j'ai quitté mon boulot pour travailler gratuitement sur le film. J'ai embarqué dans l'aventure mes amis Peter Clark, qui a fait assistant caméra, et Robert Sabin, qui joue un des cinq ados autour desquels tourne l'histoire. J'avais déjà écrit Slime City, sur lequel Peter serait directeur de la photo et Robert premier rôle, donc on voyait tous les trois I Was a Teenage Zombie comme un bon moyen de se faire un peu d'expérience. Le tournage a duré un mois, mais le scénario était vraiment trop long et un quart des scènes sont passées à la trappe.
Un autre type que j'ai fait venir sur le film était Mike Lackey, qui a plus tard joué dans Street Trash, il nous a fait quelques effets spéciaux. J'ai rencontré Allen J. Rickman, que j'ai engagé ensuite pour jouer le proprio du magasin de location vidéo dans Slime City, il fait pas mal de télé, dont Broadwalk Empire. Et George Seminara, qui a ensuite réalisé quelques vidéos pour les Ramones et des documentaires. Je me suis fait une centaine de dollars quand I Was a Teenage Zombie est sorti en vidéo, et cent de plus l'an dernier.

Et John Elias Michalakis, le réalisateur ? On dirait qu'il a disparu de la surface de la terre...

John est devenu moine quelques années après avoir tourné le film. Il est toujours dans les ordres, quelque-part dans le Queens, mais ils doivent changer leur nom quand ils se font prêtres. 

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Qu'est-ce qui vous a donné l'impulsion pour écrire Slime City ?

Tourner des courts me gonflait vraiment, j'ai donc décidé de ne pas retourner étudier après ma première année, et d'écrire le premier jet de mon premier long à la place. C'était pendant l'été 1983, juste après la fin des cours. Tout ce qu'on peut voir dans le film était déjà dans cette version, mais j'ai coupé dans le lard un peu plus tard.

Combien de temps a duré le tournage? Combien d'argent aviez-vous, et d'où provenait-il ?

Une fois le scénario écrit, je ne savais pas trop comment m'y prendre pour le tourner... Mon ami Peter Clark a quitté l'école au même moment que moi, et nous étions tombé d'accord pour co-produire le film. Nous avions prévu le tournage un an plus tard – au même moment que le tournage de Street Trash. Le truc, c'est que nous ne savions vraiment pas comment récupèrer de l'argent. Nous avons donc fait des économies pendant un an, enrolé Marc Makowski comme co-producteur, et tous les trois nous avons réussi à trouver 35 000 dollars pour le tournage. Celui-ci s'est fait en Juin 1986, pendant quatre semaines de six jours. Nous sommes tombés à court d'argent durant le montage, nous avons donc dû trouver 20 000 dollars supplémentaires, auprès d'un représentant pour les ventes à l'international, Alexander Beck. Le film a coûté 50 000 dollars, plus 5000 dollars pour la publicité. Nous avons eu une séance de minuit sur Bleecker Street en 1988, pendant cinq semaines, puis Beck a vendu le film a huit pays et il est sorti en VHS en 1989.

Vous avez eu des problèmes majeurs pendant le tournage ?

Non, pas vraiment. Je veux dire, nous ne savions vraiment pas ce que nous étions en train de faire, alors nous avons passé notre temps à nous adapter. Les trois personnes qui avaient de l'expérience étaient les types des effets spéciaux et Ivy Rosovsky, qui s'occupait des costumes et avait bossé pour Troma. Certains de nos costumes venaient d'ailleurs de Class of Nuke Em High, sur lequel j'ai travaillé pendant un jour avant de rencontrer le premier réalisateur. Sur Slime City, nous travaillions 18 heures par jour, et tout était rapide et hystérique... Nous avons tourné dans mon appartement de Brooklyn, autour de l'immeuble de Peter dans le Queens, chez Marc dans le Bronx, et dans Alphabet City. C'était vraiment excitant, et ce fut sans doute le plus grand pied de mon existence jusqu'à ce que je tourne Slime City Massacre en 2009.

Slime City m'a fait beaucoup pensé au Ferrara de Driller Killer, c'était une influence consciente ?

J'adore le travail de Ferrara, mais je crois que je n'ai vu Driller Killer que des années plus tard. Je pense que la seule vraie similitude tient dans l'atmosphère de ces appartements new-yorkais hyper claustrophobiques, mais son film est sinistre tandis que le mien fait penser à un comic-book.

street trash

En parlant de comic-book, justement, Street Trash ressemble beaucoup à Slime City, non ?

Oui, effectivement, mais nous n'avons pas copié le film de Jim. Slime City a beaucoup d'influences: Le Dragon flottant, le roman de Peter Straub dans lequel un long chapitre tourne autour d'un homme qui se liquéfie, Rosemary's Baby, avec les voisins conspirateurs, Evil Dead pour la fin et Le Dieu d'osier pour la danse érotique. Mais Street Trash ne nous a pas du tout influencé, même si ça peut paraitre hallucinant. J'étais en cours avec Jim Muro, nous avons même vécu dans le même dortoir sur la 34eme rue, à deux blocs de l'endroit où nous tournerions Elmer le remue-méninges quatre ans plus tard. Roy Frumkes, qui a écrit et produit Street Trash en se basant sur le court de Jim, était notre professeur commun.
Mais à la fin de l'année 1982, j'ai tourné Bad Worms, le court qui a inspiré Slime City. Tom Merrick, qui joue Jerry dans Slime City, y apparait aussi. Je crois que Jimmy n'a tourné le court de Street Trash qu'en 1984. Je l'ai vu, mais mon scénario pour le long était déjà écrit et enregistré auprès de la Writers Guild. Je ne sais pas exactement quand Roy a écrit le scénario pour Street Trash, mais je n'ai jamais lu son travail et il n'a jamais lu le mien. Par contre, nous avons suivi le même cours de management, lui pour préparer Street Trash, moi pour préparer Slime City. Nous devions tourner le même été, mais je n'ai pas trouvé l'argent, tandis que Roy, oui – 600 000 dollars, douze fois le prix de Slime City. Un an plus tard, quand j'ai tourné Slime City, Jimmy a fait quelques plans en Steadicam pour moi. Street Trash était encore en post-production, donc personne ne l'avait vu en dehors de leur équipe.
Pour blaguer, quand j'ai tourné Slime City Massacre, j'ai engagé Roy pour un rôle, un peu comme un bras d'honneur à tous ceux qui croient que j'ai piqué l'idée de quelqu'un d'autre. Roy et moi sommes bons potes, toutes ces années après, il est venu souvent chez moi à Buffalo.

Un des points importants du scénario est le lien qu'on peut faire entre la condition d'Alex et l'utilisation de drogues. Comment est-ce venu ?

C'était l'accroche dont j'avais besoin pour faire un film de monstre. Je venais d'une petite ville, et je me suis soudain retrouvé à vivre dans un YMCA dégueulasse et à travailler au cinéma de Times Square. Moi et mes potes de dortoir mangions notre petit déj avec des maquereaux et des putes, on croisait des clodos et des membres de secte tous les jours en allant en cours. Tout cela s'est infiltré dans mon subconscient, et je voulais l'utiliser d'une manière divertissante... J'étais plutôt straight, en fait, je n'avais pas de démon à exorciser.

Dans certaines scènes, Alex cache son visage qui se liquéfie, et il ressemble vraiment à l'homme invisible du film de James Whale. C'était important pour vous, de repasser par la case du cinéma horrifique à la Universal ?

Disons que c'était sans doute une tentative pour fusionner les films d'horreur avec lesquels j'ai grandit avec les films cradingues indépendants que j'ai découvert à New-York. Il y a aussi le versant logique : comment un type qui laisse gouter du slime derrière lui s'en sort dans une ville bondée ? Une tête bandée est forcèment suspecte et inquiétante, mais une tête qui dégouline de morve attirerait encore plus l'attention. Nous avons repris le motif dans Slime City Massacre.

J'aime beaucoup la manière dont Alex change au cours du film, il m'a fait pensé à Lou Reed : il passe du gentil garçon du voisinnage au maniaque carburant à la drogue. Cela se basait sur vos observations dans New-York ?

Pendant les dix mois durant lesquels j'ai vécu là avant d'écrire le scénario, j'ai vu les deux extrêmes, mais je n'ai jamais vu quelqu'un passer de l'un à l'autre. Par contre, quand je travaillais dans un cinéma, j'ai vu un type se mettre à flipper sévère sous PCP, nos agents de la sécurité l'ont massacré mais il continuait de se battre comme un dingue, alors ils l'ont jeté du haut de deux étages, dans les escaliers. C'est le genre de trucs qui marquent. Une autre fois, je me suis battu avec un type qui a sorti un hachoir... Dans mon film, c'est Lori qui utilise un hachoir pour couper la tête d'Alex, à la fin du film.

Robert Sabin est charismatique, et on le retrouve dans vos autres films, c'est toujours un bon pote ?

Oui. Le truc, avec Robert, c'est qu'il a joué dans mes films – depuis mon premier essai en super 8 – mais il a toujours voulu être réalisateur. Il joue dans Undying Love, Naked Fear et Slime City Massacre, mais je suis sur la côte est, tandis que lui essaie de se faire une place en tant que scénariste. Il est sans doute le meilleur scénariste que je connaisse, mais il n'a toujours rien vendu... Ca en dit beaucoup sur Hollywood.

La bande-son du film est excellente, elle tire vers le psychobilly et ajoute beaucoup aux atmosphères crades de l'ensemble. C'était un point important pour vous, dans la conception du film ?

Pas vraiment ! Je savais que nous aurions besoin de musique, j'ai donc fait passé une annonce dans Backstage et Rob Tomaro a répondu. Je lui ai montré le film, nous nous sommes mis d'accord sur un prix, et je l'ai laissé faire son truc. Des années plus tard nous avons repris contact, et je l'ai engagé pour Slime City Massacre. Nous avons sorti le score en CD, et bientôt en vynile. C'est une bande-son excellente.

Votre film est très direct dans de nombreuses scènes, c'est l'une de ses forces. Il me fait penser au punk rock par certains aspects: votre mise en scène est proche de la manière dont les groupes punk sont repartis de trois accords pour faire quelque-chose de neuf.

Merci, j'ai l'air intelligent quand on le dit comme ça ! La vibe punk rock du film est intentionnelle, je suis un grand fan des Ramones, et le punk était énorme à New York dans les eighties. Comme je l'ai dis, mes influences étaient importantes pour moi, j'ai pris des éléments existants et je les ai passé au mixer. Par contre, il ne faut pas oublier que j'avais 18 ans quand j'ai écris le scénario, 21 quand je l'ai tourné, et 23 quand le film est sorti. Je crois que j'ai bénéficié de mon inconscience et de mon hubris, pour le coup.

Etiez-vous proches d'autres réalisateurs de la ville, à l'époque ?

Frank (Henenlotter), Roy (Frumkes), Jimmy (Muro), les types des Teenage Zombies aussi. Je n'ai pas rencontré Lloyd Kaufman tout de suite, et nous ne sommes devenu amis que plus tard. Je n'ai jamais rencontré Abel (Ferrara) ou Larry Cohen, et maintenant que je suis à Buffalo cela ne risque pas d'arriver. Je suis maintenant ami avec Debbie Rochon, et nous avons été à New-York pendant deux décennies sans jamais nous croiser.

Votre film est-il une métaphore de la Grosse Pomme ?

Oui, mais pas intentionnellement, c'était plutôt une réaction. Mais je crois que c'est aussi vrai de Basket Case, Street Trash ou le Toxic Avenger – nous avons tous voulu partir sur la même attitude, les mêmes thèmes, mais je suis certain que c'était du domaine du subconscient. Nous avons juste absorbé l'énergie de la ville et nous l'avons régurgité.

Vous avez ensuite travaillé sur Plutonium Baby. Je ne l'ai jamais vu, mais ça fait sacrément envie !

Oulah, ça doit être le plus mauvais film jamais tourné ! Mon équipe, que le labo qui développait le film appelait les "slime guys", venait juste de tourner Slime City. Nous avons reçu un coup de téléphone de Scott Coulter, pendant le montage – que nous avons fait sur une Steenbeck, chez moi, à Brooklyn – il avait fait nos effets spéciaux, avec Tom Lauten. Il faisait les effets de Plutonium Baby, et après quatre jours de tournages l'équipe avait décidé de quitter le projet – je ne sais pas pourquoi. Nous sommes donc allé dans le Connecticut, pour y trouver le producteur, le réalisateur et le scénariste en train de travailler au milieu des bois, sur le terrain des Rockefellers, sans autorisation. Les producteurs n'avaient pas loué d'éclairage, donc le film entier devait se tourner dans les bois, de jour. Le scénario n'était pas fini, et entre deux prises le réalisateur venait y mettre son grain de sel. À la fin de la semaine, j'ai dis au réalisateur qu'il n'avait pas assez d'images pour un long, et nous lui avons proposé de rester un jour de plus gratuitement pour en tourner un peu plus. Il m'a répondu : "Nan, j'suis fatigué." alors nous sommes rentrés. Le premier montage qu'ils ont obtenu durait 37 minutes, ils nous ont donc rappelé pour une semaine supplémentaire de tournage, sans le réalisateur. Le producteur avait, à ce stade, décidé qu'il se chargeait de la réalisation – même s'il n'est pas venu sur le plateau ! Je ne suis pas fier de dire que j'ai dirigé en sous-main la moitié de ce film, le reste était le travail de Scott, le réalisateur original, et du responsible des cascades. Mais le producteur est bienvenu pour récupèrer le crédit de réalisateur, s'il en a envie ! Nous avons donc fait un second tournage, mais le gamin qui jouait le rôle principal dans la première version ne voulait pas revenir s'il n'y avait pas le réalisateur original. Ils ont donc trouvé un remplaçant pour en jouer une version adulte, et ont placé le reste du film dix ans dans le futur. Quel bordel. C'est ce qui arrive quand des gens qui n'aiment pas les films d'horreur se lancent dans un projet pour faire de l'argent facile. Et je suis presque certain que le machin a fait de l'argent, au final. Pour la chronologie... Nous avons tourné Slime City en Juin, puis Plutonium Baby en Aout... nous sommes revenu en Octobre... puis nous avons fait Elmer le remue-méninges. Mon équipe a travaillé sur les trois films en une période de dix mois.

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Justement, est-ce que le tournage d'Elmer le remue-méninges a été une meilleure expérience ?

Oui, c'était super excitant. J'avais déjà tourné Slime City, Jim Muro avait fait Street Trash, et ce fut la chance pour les Slime Guys, les Trash Men et les Basket Cases de travailler tous ensemble sur un seul et même film. Nous avons converti nous-mêmes trois étages d'un hangar, sur la neuvième avenue : un pour le plateau son et les décors, un autre pour tourner les effets spéciaux, et un autre pour loger les gens des effets spéciaux. Le tournage a duré six semaines. En dehors des nuits passées dans la décharge de Street Trash, qui appartenait au père de Jimmy, en plein hiver, ca a été très drôle.

Quel genre de réalisateur était Frank Henenlotter ?

Il était génial. Il savait exactement ce qu'il voulait, comment l'obtenir, et comment motiver ses acteurs qui pouvaient être un peu difficiles. C'est un vrai historien du cinéma, il y avait donc autant à apprendre de lui pendant les temps-morts que pendant le tournage lui-même. J'ai aussi travaillé avec Kevin Van Hentenryck (qui joue le rôle principal des films de a trilogie Basket Case, NDLR) pour un jour, avant de bosser de nouveau avec lui sur mon film Dry Bones. Je les ai retrouvé, lui et Frank, des années plus tard, pour une convention à Pittsburgh. Ils sont toujours les mêmes.

Des années après Slime City, vous avez tourné une suite, Slime City Massacre. Pour quelle raison avoir attendu aussi longtemps ?

Quand nous avons fini Slime City, Alexander Beck voulait une suite. Je ne voyais aucune raison, sur le plan créatif, pour en tourner une : je savais que j'allais faire un film stupide si je me lançais là-dedans. Dix ans plus tard, après avoir passé quatre ans sur Naked Fear sans arriver à rien, j'en ai eu marre. Ma femme et moi avons déménagé à Buffalo, acheté une maison et décidé d'avoir une famille. Je me suis lancé dans l'écriture, un domaine dans lequel j'ai eu du succès. Mais j'avais l'impression que je n'avais pas fait mes preuves en tant que réalisateur. Slime City, Undying Love et Naked Fear sont mes équivalents de films d'études. Je voulais montrer que je pouvais rendre ce que j'avais appris, et faire un film que j'aimerais vraiment. L'écriture du scénario fut extra, c'est une des meilleures choses que j'ai jamais crée, et le tournage fut aussi un bon moment, et j'aime beaucoup le produit final. Nous avons fait le film pour exactement le même budget que l'original, 23 ans plus tard. Et je pense que Slime City Massacre est sauvage, surréaliste et original. Je suis super fier de ce bébé mutant, et je me suis prouvé ce que je voulais me prouver.

Voudriez-vous tourner un gros budget à Hollywood, si vous en aviez l'opportunité ?

Bien sûr. Je n'ai jamais pris la route Hollywoodienne, mais j'ai ce rêve. Mais je vais vous dire : actuellement j'ai une novella, une histoire de zombies, Carnage Road, qui a été optionnée. J'adapte moi-même Carnage Road et ma série de bouquins policiers occultes, The Jake Helman Files, pour en faire une série télé. Je travaille avec des gens extraordinaires, très honnêtes – je ne pourrais pas demander de meilleure liaison à Hollywood – mais les mémos sont juste complètement ridicules. C'est fou que quoi que ce soit de bien se fasse. Mais je tente quand même ma chance, je joue le jeu, j'accepte les compromis – mes versions existent déjà, je veux bien essayer quelque-chose d'autre. Mais quoi qu'il arrive, je vais continuer à faire des films indépendants. Je développe aussi deux longs-métrages à tout petit budget. Je vais trouver un moyen pour faire de l'argent et obtenir satisfaction sur le plan créatif, mais si je dois choisir, je prends la satisfaction.

Greg Lamberson travaille actuellement sur un film d'horreur indépendant, The Killer Rack. En France, Slime City est édité en dvd par l'excellente compagnie Uncut Movies.

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